XVIIe CONGRES UISPP (UNION INTERNATIONALE DES SCIENCES PRÉHISTORIQUES ET PROTOHISTORIQUES) BURGOS, 1-7 SEPTEMBRE 2014
Colloque organisé par Sophie A. de Beaune, Haris Procopiou, François Sigaut (†)
Répartition des tâches dans les sociétés pré- et protohistoriques
La compréhension du fonctionnement des sociétés pré- et protohistoriques, et plus largement, des sociétés dites pré-industrielles, passe par celle de la répartition des activités techniques. Plutôt que d’aborder cette question du seul point de vue économique, comme cela se fait trop souvent, nous la posons ici dans une perspective anthropologique. Nous proposons dans cette session de réunir des contributeurs ayant développé une réflexion dans deux directions principales. Selon la première, on s’interrogera sur le rôle des modalités techniques précises dans l’affectation d’une activité aux hommes ou aux femmes. Il est classique de dire que les activités féminines répondent à des besoins domestiques, et que, dès qu’elles acquièrent un statut économique « marchand », elles quittent l’aire domestique et passent aux mains des hommes. Il n’y aurait ainsi pas de tâches masculines ou féminines en soi. En revanche, pour la même tâche, les femmes et les hommes n’utilisent pas les mêmes techniques – par exemple, les femmes montent généralement les poteries à la main, tandis que les hommes utilisent le tour. Peut-on vérifier ou non ce genre de constatations dans des populations anciennes ? Et a-ton d’ailleurs les moyens archéologiques de le faire ? Cette approche « technographique » enrichira un débat qui se contente bien souvent de catégories trop générales. Dans les sociétés simples dites indivisées (Clastres), la seule répartition possible des tâches a lieu selon le sexe et l’âge, ce qui les distingue des sociétés plus complexes, où l’accroissement de la production et des échanges conduit à des spécialisations plus poussées. D’où la seconde question, qui concerne la répartition des tâches au sein d’un groupe donné – familial, social ou autre –, spécialisé dans une activité technique particulière… Le concept d’atelier, dû à l’école de Frédéric Le Play, et appliqué par Paul Descamps aux « peuples sauvages » dans les années 1920, pourra ici s’avérer utile pour considérer cette question. Il ne s’agit pas seulement de l’atelier considéré comme lieu de travail mais de l’atelier vu comme un réseau de personnes collaborant à une même activité, au sein du réseau plus large constitué par l’ensemble du groupe social. Entendue dans ce sens, la structure de l’atelier et le répertoire des activités peuvent permettre de comprendre l’organisation du groupe social, de même que les répercussions au sein du groupe en cas de modifications, même minimes, de l’un des éléments de la chaîne technique. Les études de cas sont bienvenues, non seulement dans le domaine pré- et protohistorique mais aussi dans le domaine ethnographique, chez les sociétés dites pré-industrielles, dans la mesure où ils peuvent éclairer les premiers. Les communications plus théoriques sur la validité de nos interprétations en ce domaine sont également susceptibles d’enrichir cette question.
Sophie A. de Beaune Professeur à l’université
Jean Moulin Lyon 3 sophie.de-beaune@mae.cnrs.fr
Haris Procopiou Maître de conférences à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne haris.Procopiou@univ-paris1.fr
François Sigaut (†) Directeur d’études à l’EHESS
Répartition des tâches dans les sociétés pré- et protohistoriques
La compréhension du fonctionnement des sociétés pré- et protohistoriques, et plus largement, des sociétés dites pré-industrielles, passe par celle de la répartition des activités techniques. Plutôt que d’aborder cette question du seul point de vue économique, comme cela se fait trop souvent, nous la posons ici dans une perspective anthropologique. Nous proposons dans cette session de réunir des contributeurs ayant développé une réflexion dans deux directions principales. Selon la première, on s’interrogera sur le rôle des modalités techniques précises dans l’affectation d’une activité aux hommes ou aux femmes. Il est classique de dire que les activités féminines répondent à des besoins domestiques, et que, dès qu’elles acquièrent un statut économique « marchand », elles quittent l’aire domestique et passent aux mains des hommes. Il n’y aurait ainsi pas de tâches masculines ou féminines en soi. En revanche, pour la même tâche, les femmes et les hommes n’utilisent pas les mêmes techniques – par exemple, les femmes montent généralement les poteries à la main, tandis que les hommes utilisent le tour. Peut-on vérifier ou non ce genre de constatations dans des populations anciennes ? Et a-ton d’ailleurs les moyens archéologiques de le faire ? Cette approche « technographique » enrichira un débat qui se contente bien souvent de catégories trop générales. Dans les sociétés simples dites indivisées (Clastres), la seule répartition possible des tâches a lieu selon le sexe et l’âge, ce qui les distingue des sociétés plus complexes, où l’accroissement de la production et des échanges conduit à des spécialisations plus poussées. D’où la seconde question, qui concerne la répartition des tâches au sein d’un groupe donné – familial, social ou autre –, spécialisé dans une activité technique particulière… Le concept d’atelier, dû à l’école de Frédéric Le Play, et appliqué par Paul Descamps aux « peuples sauvages » dans les années 1920, pourra ici s’avérer utile pour considérer cette question. Il ne s’agit pas seulement de l’atelier considéré comme lieu de travail mais de l’atelier vu comme un réseau de personnes collaborant à une même activité, au sein du réseau plus large constitué par l’ensemble du groupe social. Entendue dans ce sens, la structure de l’atelier et le répertoire des activités peuvent permettre de comprendre l’organisation du groupe social, de même que les répercussions au sein du groupe en cas de modifications, même minimes, de l’un des éléments de la chaîne technique. Les études de cas sont bienvenues, non seulement dans le domaine pré- et protohistorique mais aussi dans le domaine ethnographique, chez les sociétés dites pré-industrielles, dans la mesure où ils peuvent éclairer les premiers. Les communications plus théoriques sur la validité de nos interprétations en ce domaine sont également susceptibles d’enrichir cette question.
Sophie A. de Beaune Professeur à l’université
Jean Moulin Lyon 3 sophie.de-beaune@mae.cnrs.fr
Haris Procopiou Maître de conférences à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne haris.Procopiou@univ-paris1.fr
François Sigaut (†) Directeur d’études à l’EHESS